Je me réveillais lentement et douloureusement d'une nuit que je n'étais pas près d'oublier. Ou tout du moins, d'une nuit que j'avais oublié mais qui avait marqué ma misérable existence.
La gorge sèche, la tête martelée des battements qui frappaient mon aorte, j'avais peiné à ouvrir les yeux. Mais le sommeil, d'ordinaire si réconfortant, était en ce cas précis aussi accueillant qu'une grotte froide et humide. Et je parlais à raison, puisque comme si j'avais dormi à même le sol, mon corps tout entier était congestionné. En effet, les muscles de mon torse me tiraillaient, lançant des décharges en plusieurs points de mon abdomen. C'était certainement là ce qui m'était le plus douloureux.
De ce fait, l'intégralité mon esprit embrumé était concentrée sur ces douleurs communes aux soirées bien arrosées. Aussi, ce n'est qu'après avoir souffert pour m'adosser à la tête du lit que je réalisais enfin la galère qui enveloppait ma situation. Et à la vue de l'appartement dans lequel je me trouvais, il s'agissait d'un bel enrobage en satin.
Je me trouvais sur la mezzanine d'un appartement gigantesque, murée de baies vitrées qui offraient une vue plongeante sur la ville. La hauteur de ces dernières était si grande que même d'ici, calé au fond de ce faux étage, la lumière du jour était capable de m'agresser. Et le lit dans lequel je me trouvais était lui aussi à la taille de la demeure qui l'abritait, à savoir suffisamment gigantesque pour accueillir une partouze bien peuplée.
Contrairement à ce que l'on peut voir dans les séries américaines, je n'avais pas besoin de vérifier les dessous de la couette pour savoir que je n'y trouverai ni caleçon, ni pantalon. Premièrement en raison de cette douce sensation du drap sur ma peau dénudée, et surtout puisque ces deux éléments étaient étalés sur le sol à cinq mètres de moi. Encore une fois, j'étais loin du cliché cinématographique si répandu dans nos séries télé. Car sans même avoir besoin d'être complètement réveillé, j'étais pleinement conscient de ce qui s'était déroulé hier soir. Je savais avec qui, d'où j'étais parti et où j'étais arrivé. Il ne manquait à ma mémoire, que le chemin jusqu'à l'appartement d'Iris. Et jusqu'à ce lit.
Alors, lorsque dix minutes de parfaite solitude eurent passées, je décidais enfin de quitter le grand matelas confortable de la si petite jeune femme. Immédiatement, mon reflet sur le miroir attira mon regard. Non, il n'était pas laid loin de là. Je le trouvais même plutôt séduisant, dans la mesure où je me réveillais d'une nuit bien arrosée. La seule chose qui faisait tâche dans le paysage somptueux était les multiples bleus qui couvraient mon dos, et mon abdomen. Et parmi les points colorées qui peignaient mon corps, deux me frappèrent plus que d'autres.
La première était un hématome qui noircissait à vue d'oeil non loin de la cicatrice des Yakuzas tandis que la deuxième, elle rougeoyante, colorait la base de mon cou. Alors, me jetant sur le miroir, je tentais d'observer de plus près cette marque affligeante.
- Un suçon ?! M'étais-je exclamé à voix haute.
Comment je...Comment avais-je pu accepter que l'on face pareil outrage à mon corps, moi qui détestait ces pratiques sexuelles dégradantes pour l'intégrité de ma beauté ? Trente seconde de plaisir pour quatre jours de honte et de douleur. C'en était si affligeant que je détournais finalement le regard de mon reflet pour venir m'appuyer à la rambarde de la mezzanine.
D'ici j'apercevais parfaitement l'appartement de cette chère Iris Wolf, dont les moyens financiers dépassaient l'entendement pour une fille de son rang. Tout, de sa cuisine à son salon, était somptueusement décoré de meubles et de décorations murales modernes qui saillaient parfaitement à ce genre d'habitation. Le seul hic dans tout ce luxe restait bel et bien le bordel qui l'envahissait.
En effet, sur le sol de la cuisine en désordre on apercevait un paquet de ce qui semblait être du café qui s'était ouvert pour venir tacheter le sol de ses grains. Là-bas se trouvait par ailleurs mon t-shirt blanc immaculé et mon pull, qui trainaient sur les meubles tels les torchons que ceux utilisés par notre bonne pour préparer à manger. L'escalier qui menait à la mezzanine était encore plus bordélique que ne l'était le reste de l'appartement. Et pour cause, à chaque marche un nouvel obstacle barrait le chemin. Du verre, un tableau fracassé, un pull puis un t-shirt... Si l'on prêtait attention aux détails, on y apercevait même quelques tâches de sang.
Alors, comme si nous avions joué au Petit Poucet en laissant des cailloux sur notre passage, j'entrevoyais parfaitement le chemin qu'Iris et moi avions emprunté pour atterrir dans son lit king size. Il ne s'agissait pourtant que de flashs de mémoire amèrement mélangés à des déductions logiques, et pourtant je revivais la scène comme si mes souvenirs n'avaient pas été altérés par l'alcool.
Et vous savez le pire dans tout ça ? J'avais faim. Aussi après m'être rhabillé, j'étais descendu jusqu'à la cuisine, gémissant une fois ou deux de douleur, évitant les obstacles sur mon passage et accrochant mon pull au porte-manteau pour finalement tirer de la cuisine en désordre, un petit-déjeuner acceptable.
[Alors. Voici ENFIN le post que j'ai écris il y a de cela huit mois au Starbucks de Saint Lazare en revenant du travail et qui a littéralement disparu quand mon mac à rendu l'âme en terres chinoises T-T Mais devine quoi, J'AI RECUPERE MON MAC. Et donc ce post. Donc encore désolée du retard...]