Un peu d'aide... - PV Cynthia

Assise sur son grand lit avec en face, le fameux tableau d’enquêtes, Daisy parcourait les fils rouges reliés entre eux d’un regard perplexe. La jeune femme mettait environ quelques semaines pour collecter assez d’informations sur ses cibles pour en faire un article décent. Cette fois-ci, cependant, c’était différent. Très différent, même… et beaucoup plus dangereux.

La rouquine fronça les sourcils. Wang Zhen Shi. Propriétaire du Phénix d’Or, un restaurant dans le quartier de Chinatown. Il serait bien plus simple d’y entrer, poser des questions et photographier des choses qui seraient vues comme illégales mais c’était aussi un moyen efficace pour se faire trancher la gorge. Probablement. Ou avoir le bras coupé qui servirait de repas pour les chiens… s’il y en avait. Daisy s’imaginait d’effroyables tortures puis parvint à se ressaisir.

Wang Zhen Shi avait, apparemment, plusieurs surnoms. Le Tigre Tranquille et le Chirurgien. De quoi faire frissonner la colonne vertébrale, un criminel avec un scalpel en main n’était pas très rassurant… Et c’est tout ce que Daisy savait. Elle avait collecté ces indices en un mois. Un mois ! Finalement, la journaliste soupira. Il fallait trouver d’autres informations mais de manière sécuritaire et légale, il y avait probablement des documents ou alors des archives.

Et qui dit documents, dit Cynthia. La rouquine savait que son amie gardait des documents mais pouvaient-ils être sur une personne en particulier ? Ou alors sur un restaurant ? Peut-être que sa bibliothèque pouvait renfermer des archives « spéciales » ? Finalement, Daisy se décida. Autant lui demander directement ! Bien entendu, en se levant avec motivation et une détermination de feu, la rouquine se prit les pieds dans sa couverture et s’étala sur le sol, émettant un petit gémissement de douleur.

°°°

Daisy gara sa petite voiture qui menaçait de tomber en ruines juste devant la bibliothèque et sortit, prenant soin de vérifier que personne ne la suivait (un réflexe !). La jeune femme déambula à l’intérieur, son regard recherchant frénétiquement Cynthia. Ah ! La voilà, songea Daisy. Celle-ci se dirigea vers son amie avant de tapoter son épaule.

— Cynthia, j’ai ab-so-lu-ment besoin de ton aide.

Daisy, impolie qu’elle était, n’attendit pas sa réponse et continua sur sa lancée.

— J’enquête sur quelqu’un et disons que je suis à « sec » question documents, avoua-t-elle, honteuse. Et je me suis dit que tu pourrais m’aider… Je ne sais pas si tu connais le restaurant Phénix d’Or ou son propriétaire, Wang Zhen Shi, mais les deux sont dangereux. Genre dangereux au point d’y perdre la vie. Je n’ose donc pas m’infiltrer dans le restaurant et ni suivre ce fameux Wang. Tu sais, j’ai peur qu’il m’attrape et me plante ses couteaux dans mon corps – il est chirurgien, apparemment.

La journaliste se tut quelques secondes pour reprendre son souffle et s’approcha de son amie en posant sa main sur une étagère de bibliothèque avant de reprendre :

— J’ai juste une photo officielle de lui, explique-t-elle avec un sourire fier (il n’y avait pas de quoi l’être…). Il a la peau lisse mais sa tête… hm, je suis sûre qu’il me tuerait sans même me laisser m’expliquer si un jour je me fais choper. Mais j’aimerais bien toucher sa peau, tu sais. Genre lui dire « vous avez une belle peau, monsieur Wang, laissez-moi la caresser de mes doigts fragiles ».

Daisy se rendit compte qu’elle tirait le sujet en longueur et se redressa, plus sérieusement.

— Donc, est-ce que tu as des documents sur… ce que je t’ai dit ?

Cynthia semblait réfléchir à la question. Pourquoi était-elle aussi conflictuelle ? Peut-être que quelque chose n’allait pas dans sa vie ? Daisy fronça un peu les sourcils, puis enfin la jeune brune fit un sourire avant de se prononcer. Elle allait chercher des documents et Daisy ne put s’empêcher de la remercier.

— T’es la meilleure Cynthia !

Puis, la journaliste attendit et en profita pour réfléchir à son « plan ». Donc, elle ne pouvait pas s’infiltrer dans le restaurant sous peine de se faire tuer, ne pouvait ni le faire dans la maison du chinois. Qu’est-ce qu’il restait à faire ? Il lui fallait un superbe article pour dans deux semaines et Daisy n’avait absolument rien pour faire un bon contenu.

Cynthia revint avec des documents avant de me conseiller d’aller plutôt dans les archives de la mairie. C’était une bonne idée. Daisy n’avait pas vraiment réfléchi avant de venir ici, elle avait sauté dans sa voiture en se disant que les bibliothèques pouvaient peut-être renfermer des dossiers sur les gens influents.

— Merci beaucoup, dit-elle avec un sourire content.

Daisy eut un moment de silence avant de se tourner vers son amie, avec un air inquiet.

— Hem… tout va bien, dans ta vie ? Tu n’as rien de spécial qui se passe ? Ou un événement quelconque ? demanda-t-elle.

Elle s’arrêta quelques secondes avant de poursuivre, un peu mal à l'aise de ne pas lui avoir demandé si elle allait bien. Il est vrai que Daisy paraissait comme égoïste pour l'instant... en tout cas, c'est ainsi qu'elle se sentait.

— Si quelque chose ne va pas, tu peux me le dire tu sais. Ca veut pas dire que je monopolise parfois la conversation que tu ne dois rien me dire, fit Daisy avec un petit rire.

La pile de documents, qui était assez conséquente, lui faisait de l'oeil mais prendre des nouvelles de ses amis était en premier dans ses priorités. Peut-être que Daisy abusait, parce que le fait d'hésiter ne signifiait pas forcément que quelque chose n'allait pas dans notre vie. Mais que voulez-vous, Daisy était une paranoïaque reconnue !

Il y eut un silence. Silence qui n’était pas « awkward », Daisy se sentait toujours à l’aise avec Cynthia, bien qu’elle avait souvent tendance à beaucoup trop parler comparé à son amie. Elle était bien plus réservée que la rouquine, il fallait le dire… mais ça n’avait jamais tâché leur amitié. Cela ne faisait pas non plus très longtemps qu’elles se connaissaient mais la bibliothécaire avait une place spéciale dans sa case amitié.

Enfin, Cynthia répondit. « Non », bien sûr, Daisy était toujours paranoïaque pour rien. Ce n’était pas parce que les gens hésitaient quelques instants que forcément, quelque chose n’allait pas bien. Et puis, il fallait bien qu’elle réfléchisse, aussi ! La journaliste eut un sourire rassuré avant de répondre à sa question.

— C’est juste que j’ai cru que quelque chose n’allait pas mais si tout va bien, alors tant mieux.

Daisy parcourut quelques instant la pile de dossiers. « Elysian Fields et ses quartiers : Chinatown » peut-être qu’au final, la journaliste aurait peut-être des réponses. Un quartier pouvait en dire beaucoup sur une personne et puis, ce « Tigre Tranquille » avait l’air influent… donc pourquoi pas ? Peut-être qu’en se penchant sur le quartier, cela donnerait quelques informations sur son histoire au passage, raconterait comment ce chirurgien aurait établi son restaurant, ainsi de suite.

C’était une bonne idée de passer ici. Daisy eut un rapide sourire satisfait avant d’entendre la question de Cynthia. Cette dernière oubliait que Daisy passait sa vie à vivre dans la dangerosité… pas autant que les policiers ou les criminels, c’est certain mais la jeune femme n’avait pas une routine ennuyante. Daisy se redressa :

— Tu sais bien que la dangerosité et moi ne formons qu’un, répondit-elle. Et puis, ce monsieur Wang est quand même un total mystère pour moi. Je sais qu’il fait des choses illégales… mais quoi ?

Elle se tut quelques instant avant de reprendre.

— Et je dois boucler un article dans pas très longtemps, ajoute-t-elle, un peu moins sûre d’elle. De plus, si ça permet l’arrestation de Wang Zhen Shi – ce qui me paraît peu probable, la criminalité diminuerait. Pas de beaucoup… mais au moins un peu.

Daisy se rendit compte qu’elle monopolisait encore la conversation, et décida de rebondir le sujet à Cynthia.

— Tu en as déjà entendu parler, de cet homme ?

Et puis cela pourrait servir de témoignage (anonyme bien sûr), qui sait ?